Seul, être seul... pas pour longtemps [PV]

Aymeric venait de "débarquer". Enfin disons qu'il avait quitté depuis seulement quelques minutes cet endroit horrible infesté de scientifiques complètement fous qui l'avaient regardé et tripatouillé dans tous les sens et qui l'avait piqué avec une seringue. Lui qui détestait les aiguilles en plus... et ça picotait encore. Sans parler de cet impression tellement étrange au fond de lui... qui lui donnait envie de vomir. Le voilà donc, sonné, qui courait dans les couloirs sans savoir ou aller, tournant au hasard dans des couloirs vides. Son cœur battait la chamade. Jamais. On lui avait dit qu'il ne rentrerait jamais plus chez lui et qu'il ne verrait jamais plus sa famille. Comment étais-ce possible ? C'était quoi cet endroit ? Qu'est-ce qu'on lui voulait au juste ? Il n'avait rien fait de mal ! C'était un prison pour ados ? Un truc du genre ? Un asile ? Il n'était pas fou ! Quoique peut-être... en tout cas les rares personnes qui le voyaient paniquer dans tous les sens devaient avoir un doute. Aymeric avait plus peur que jamais. Il était dans un endroit sans doute rempli de monde qu'il ne connaissait pas du tout. Pile l'endroit qu'il détestait le plus. Mais ce n'était pas les scientifiques qui venaient de l'effrayer. C'était lui-même. Il venait de croiser un surveillant en sortant qui lui avait attrapé vivement le bras. Surpris, il avait alors voulu se débattre. Et au moment ou il avait touché cet homme avec sa main, il avait eu des flash horribles... des images et des souvenirs qui n'étaient pas les siens... et qui étaient terribles, morbides... il avait hurlé... et le surveillant n'avait rien comprit. Apparemment il s'était passé quelque chose de bizarre... mais Aymeric avait comprit qu'il venait de "lire dans les pensées" de ce type en quelque sorte. Sauf que ça ne concernait que les pires moments de sa vie.

Et Aymeric s'était enfui, terrorisé par ce qu'il avait vu et ce qu'il avait fait... y croyant à peine. Le pire était qu'il avait l'impression si nette que ces souvenirs étaient comme les siens... comme s'ils faisaient partis de lui depuis toujours... il avait déjà mal au crâne !
Au bout d'un moment, il poussa une porte au hasard et la referma aussitôt. Il faisait complètement noir. Appuyé contre un mur, il reprenait sa respiration en essayant de se calmer et d'oublier ce qui venait de se produire. Mais il en était incapable car son mal de crâne persistait. Posant une main sur son front chaud, il chercha un interrupteur de l'autre. Il finit par le trouver et une vieille ampoule pendant au plafond s'éclaira. La pièce était sombre, poussiéreuse, poisseuse et infestée de toile d'araignée. En plus ça sentait l'humidité. Mais la pièce était vide et il n'y avait personne tant mieux. Il jeta un dernier coup d'œil inquiet à la porte puis s'avança pour observer les vieux trucs qui se trouvaient là. Il venait d'atterrir dans une cave apparemment...

Depuis combien de temps étais-je là? Deux, trois, quatre heures? Difficile à dire. Depuis que je m'étais couchée, j'étais tombée dans un demi-sommeil désagréable qui m'empêchais de profiter pleinement d'une bonne nuit de repos. Mais cela ne m'aurais pas dérangée plus que ça, si tout à coup des souvenirs ne m'étaient pas revenues en mémoire, violents, cruels.

C'était un après-midi, il y avait à peine quelques semaines de cela, je me promenais dans les couloirs telle une âme en peine ne cherchant rien de bien précis, me laissant porter comme à mon habitude par mes pensés. Mais soudain, un cri étouffé avait attiré mon attention, il venait de ma gauche, il était tout près, c'était le cri d'une femme. Je m'étais tournée, faisant face au mur blanc et trop régulier. Je m'étais concentrée et peu à peu, le mur avait disparut, laissant place à une salle, telle une chambre d'hôpital, mais au lieux des fleurs posées en général devant la fenêtre mûrissaient des fioles, des produits et des drôles de liquides multicolores. Sur un des lit il y avait une femme, ils la torturaient, je ne remarquai pas tout de suite comment, ce fut quand je me concentra au maximum, que je remarqua que sa main gauche trempait dans un liquide jaune qui lui dévorait la peau du corps, j'avais posé un cris d'horreur et ma vision avait disparut.

Après avoir rêvé de ce souvenir pour la centième fois au moins, je m'étais levée, en larme comme toujours et machinalement, j'avais traversé les couloirs sombres, en robe de nuit, les pieds nus sur les dalles froides. Je ne risquais pas de croisé grand monde, une fois la nuit tombée, rare étaient les courageux qui osaient sortir de leurs dortoirs, moi, je connaissais le chemin le plus sûr. Le chemin vers la cave.
J'y étais arrivée rapidement, j'avais immédiatement refermée la porte et je l'avais traversée, ne prenant même pas la peine d'allumer la vielle lampe, de toute façon, je préférais être dans le noir plutôt que d'être obligée de voir mes amies les araignées que je savais à chaque coins et recoins. Je m'étais coincée entre deux armoires bien au fond de la pièce, histoire d'être tout de même cachée, au cas où. Une fois arrivée au bout, je m'étais adossée au mur et je m'étais laissée glissée contre la parois glaciale. Je pris une grande bouffée d'air frais, que j'interrompis rapidement quand j'entendis le grincement familier de la porte résonné dans toute la cave. Les battements de mon cœur se ralentirent, je me collais d'avantage au mur. La lumière s'alluma et entre quelques vieux bibelots j'aperçus le visage d'un jeune homme, il avait l'air un peu perdu, ce n'étais en tout cas ni un pion ni un scientifique, je sortis doucement de ma cachette, un peu tremblante tout de même.

- Bonsoir?

Il y avait de vieilles choses et de vieux objets dont Aymeric ignorait la provenance ou l'utilité. Il passait ses mains timidement dessus, grimaçant en essuyant la poussière qui s'y était déposé et l'essuyant rapidement sur son jean. En parlant de vêtements... il n'en avait aucun ici ! Perdu, il fronça les sourcils et se laissa adosser contre un mur, fixant le sol avec des yeux tremblants. Jamais plus il ne rentrerait chez lui... jamais plus il ne jouerait de sa fidèle guitare ou de son bon vieux piano, jamais plus il ne pourrait admirer le portrait souriant de sa mère qu'il avait dessiner... les seules chose auxquels il tenait vraiment. Mais qu'est-ce qu'il faisait donc ici bon sang ? Pourquoi le retenait on dans cet endroit dont il ignorait tout ? Cela semblait être un pensionnat ou quelque chose dans le genre. Mais de quoi ? D'adolescent perturbés ? Malades ? Fou ou dangereux ? Il ne faisait pourtant pas partit de ceux-là ! D'accord il n'était pas sociable mais pas au point d'avoir un réel problème psychologique ! Et cet étrange phénomène qui venait de se produire avec ce surveillant... y avait-il un lien ? Ou n'étais-ce que le fruit de son imagination ? Pourtant les souvenirs de ce type étaient encore là, clairement enregistrés dans son esprit comme s'il l'avait lui-même vécu.

Passant une main sur son visage, il entendit soudain une voix féminine retentir toute proche. Sursautant dans un bon impressionnant, Aymeric perdit l'équilibre et s'étala sur le sol. Levant les yeux tout en reculant un peu, il aperçut une jeune fille un peu surprise qui sortait de nulle part. Le souffle court, il la fixa un moment. Un long moment sans rien dire. Qu'est-ce qu'il aurait bien pu lui dire de toute manière . Il ne parlait jamais à personne ! Il hésita, puis d'une voix rauque, un peu tremblante il demanda :

- D'où... d'où tu sors ?!

Et oui il ne lui venait même pas à l'idée qu'elle puisse être là avant lui, cachée entre deux armoires dans cette cave immonde. Mais peut-être pourrait-elle l'éclairer sur ce qui lui arrivait. Aymeric croisa le regard de la jeune femme et eut un hoquet. Il voyait en elle... des souvenirs... des souvenirs mauvais. Pas nettement... il en avait juste impression. Il ferma les yeux, et les rouvrit pour se reprendre. Pourquoi il se sentait mal et bizarre comme ça ?

Je tenais encore difficilement debout, j'étais trop fragile, c'en était désespérant. J'avais posée ma main sur une des armoire, elle ne me paraissait pas très solide et plutôt bien abîmée au niveau du bas, mais elle tenait encore parfaitement debout et servait depuis bien des siècles à porter des antiquités peut-être déjà là depuis la préhistoire, enfaite !
J'observai pendant un long moment le jeune homme. Qui était-il? Pas un scientifiques ni un pions, ça je l'avais déjà affirmé... donc un élève. Logique. Mais, je ne l'avais encore jamais vue ici ! Donc il était soit dans un autre groupe, soit il était nouveau ici, j'essayai de me concentrer... Non, franchement son visage ne me disait rien du tout. Ceci dit, je ne connaissait pas encore tout le monde, même ceux du clan des roses, alors surtout ne pas tirer de conclusions trop hâtives, tout du moins, si c'était un élève j'avais au moins de grandes chances pour qu'il soit de mon côté et non de l'avis de ses tarés avares d'expériences étranges et machiavéliques !
Enfaite, peut-être que lui aussi venait de sortir d'une de ses expériences? Peut-être qu'ils l'avaient torturés, comme ils nous avaient déjà tous une fois torturé, juste pour leur plaisir. Ou alors, il venait, comme dit, tout juste de débarquer dans cet enfer, ça aussi, forcément on y était tous passé, mais certains le supportaient bien moins que d'autres ! Ou bien... Bref ! Il y avait bien assez d'hypothèses.
Le garçon sembla surpris de voir une fille ( moi ) sortir d'entre deux vielles armoires... Pas très étonnant d'un côté ! Mon bonsoir resta sans réponses pendant un long moment, il me dévisageait... J'avais l'air d'un fantôme?

- D'où... d'où tu sors ?!

J'avais faillit lui répondre du tac au tac, mais sa voix et son expression m'en avait découragé. Je fis un pas de plus et je lui répondis doucement.

- J'étais là derrière, je m'étais cachée, désolée de t'avoir fait peur.

Je lui souris un peu gênée. Il devait avoir quasiment le même âge que moi à en croire par son apparence. Je continuai, pas très sûr de moi.

- Je m'appelle Elisabeth, et toi?

Aymeric était un peu sur les nerfs en ce moment, ce qui pouvait se comprendre. Les images d'horribles souvenirs du surveillant le hantait encore, quelques flash lui revenait un instant, puis disparaissaient. Les sourcils légèrement froncés, il essayait d'ignorer le mal de crâne qui le rongeait et fixait la jeune femme qui lui faisait face et qui venait de sortir de nulle part. Il avait pensé être seul mais apparemment ce n'était pas le cas. Mais que faisait-elle ici tout seule dans le noir au juste ? Bon ce n'était ses affaires et Aymeric était pas du tout du genre à aller fourrer son nez là ou on ne le désirait pas. La bouche à moitié ouverte comme un poisson hors de l'eau, je fixais bêtement cette "appartition". Je devais avoir l'air ridicule... comme d'habitude. Rougissant un peu et baissant le nez, je laissais mes cheveux cacher mon visage, comme pour me cacher. Comme toujours quoi. Mais il lui avait tout de même demandé d'où elle sortait, histoire de s'assuer qu'il ne voyait pas des fantômes en quelques sortes. Il deviendrait fou bientôt... cet endroit était effrayant et lui même se trouvait de pire en pire... il ne pouvait que poser des questions mais... il était pas doué pour ça à vrai dire, surtout avec une fille qu'il ne connaissait pas du tout. La respiration un peu coupée, il finit par relever légèrement son nez vers la demoiselle

Elle lui avoua qu'elle s'était cachée entre les deux armoires d'à coté. Elle avait fait un pas vers lui, il ne réagit pas. Elle n'était pas dangereuse quand même, pas besoin de faire l'éffaroucher en plus ! En plus elle s'excusait de l'avoir effrayé. Rougissant de nouveau, il avait un peu honte. Il n'avait aucune fierté, un vraie lopette mais bon... il s'assumait c'était déjà ça. Toussotant, il se rendit comte qu'il était resté assis par terre et ne s'était toujours pas redressé. Décidément... de pire en pire. Il soupira et se leva en époussetant son jean et sa chemise. Je regardais la jeune fille qui me sourit et lui rendit timidement ce sourire sans trop savoir quoi dire. Elle se présenta alors sous le nom d'Elizabeth. Ah bonne itnitiative... il aurait pas osé se présenter lui. Il se pinça les lèvres pui répondit :

- Heu... moi je m'apelle Aymeric. Aymeric Douglas.

Il passa une main sur sa nuque et chercha quelque chose à dire. Mais n'étant pas bien bavard il n'avait aucune idée de ce qu'il devait dire sans avoir l'air ridicule. Il finit par se dire qu'il était plus urgent de savoir ce qui se passait ici. Il osa donc une question :

- Ou... ou est-ce qu'on est ici ?

C'était un début qui lui servirait. Après tout on l'avait arraché à sa famille pour l'envoyer là-dedans et il se retrouvait avec un espèce de pouvoir bizarre... en admetant qu'il ne soit pas fou et que ce n'était que le fruit de son imagination... mais c'était trop réel...

J'avais la légère impression qu'il était timide... Impression qui se confirma quand je le vis deux fois de suite rougir. Je n'hésitai cependant pas une seconde à le détailler de haut en bas. A ce que je sache, ce n'étais pas interdit, et puisqu'il baissait la tête, il ne pouvait pas voir ce que je faisait, donc, je ne voyait pas le problème.
A vrai dire, j'étais également un peu dérangée de le gêner... Je me trouvais soudain un peu idiote d'être sortie de ma cachette... J'aurais peut-être dut y rester, c'était trop tard maintenant, et puis de toute façon, il m'aurait trouvé tôt ou tard et à ce moment là, je n'aurais vraiment pas sut quoi dire. Bon, j'espérais seulement que c'était le seul étudiant qui allait se cacher ici se soir, trop de bruits éveilleraient surement les pions, ce qui ne serait pas très arrangeant.
Quand je fis un pas un avant sur le sol sale et poussiéreux, le garçon soupira et se leva. Chouette, maintenant, j'avais en plus l'impression de le déranger... J'allais peut-être le saluer et faire demi-tour pour me réinstaller entre les deux armoires bancales, contre le mur brut et glacial. L'idée ne me plaisait plus trop, je n'avais plus envie de rester seule, finalement, ce n'était peut-être pas mal que ce garçon soit arrivé.

- Heu... moi je m'appelle Aymeric. Aymeric Douglas.

Je répétais son prénom dans ma tête plusieurs fois, jusqu'à ce que je conclue enfin, que Aymeric ne me disait rien du tout et que je ne le connaissait décidément ni de physique, ni de noms. C'était donc un total inconnu. Belle conclusion ! J'observais ses faits et gestes, est-ce que ça le dérangeait? En tout cas, pour le moment, il semblait plutôt chercher quelques chose, un sujet de conversation peut-être? Pour ma part, le silence ne me gênait pas franchement, j'étais plutôt entrain de me redemandé quels raisons valables auraient put amenées un jeune homme comme lui à ce cacher dans une cave humide et sombre. A part le fait d'être coincé comme nous tous dans ce trous à rat, je ne voyais pas beaucoup de raisons.

- Où... où est-ce qu'on est ici ?

Ah. C'était un nouveau, ben dis donc, cette rencontre allait être bien longue ! Me dire qu'il passait dans cet endroit, sert un peu glauque, ses premières heures me fit un pincement au cœur et me rappelai avec douleur mes premiers jours ici, ils avaient été sombres, je m'étais souvent sentie seule, et quand j'avais trouvée quelqu'un pour tout m'expliquer, mon désespoir n'en avait été que plus grand. Mais je ferais ce que je pourrais pour que le garçon ce sente le moins mal possible... En ma présence en tout cas.

- Tu est aux Plus Belles Fleurs., c'est une sorte d'internat spécialisé pour les gens un peu... spéciaux. Tu sais, ceux qui savent faire des trucs un peu bizarres comme disparaitre ou lire dans les pensés?

Je lui souris doucement. Je ne voulais pas tout de suite lui parler des scientifiques, de la torture, de la peur et de la mort qui régnait ici, il s'en rendrait déjà assez vite compte, et puis, je voulais d'abord ne pas l'effrayer. Je n'avançais pas plus, attendant ses réactions, un sourire plus ou moins rassurant scotché à mes lèvres.

» Et si cette fois tu me parlais pour voir? | privé